Six ans après son décès, Alfred Liyolo demeure une figure emblématique de la sculpture en République Démocratique du Congo (RDC) et au-delà. Son influence artistique, marquée par un savant mélange de tradition et de modernité, continue d’inspirer de nombreuses générations.
Un parcours exceptionnel
Né en 1943 à Bolobo, dans la province du Mai-Ndombe, Alfred Liyolo a consacré plus de cinquante ans à l’art. Il décède le 1er avril 2019 en Autriche, laissant un héritage artistique inestimable. Surnommé le « Maître du bronze », il est le seul artiste africain à avoir été reçu par l’empereur du Japon, signe de la reconnaissance internationale de son talent.

Issu d’une famille d’artisans et petit-fils d’un tailleur d’ivoire, il commence son apprentissage au Congo-Brazzaville avant d’intégrer l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa (1958-1962). Grâce à une bourse d’État, il poursuit ses études en Autriche, d’abord à l’École des Arts appliqués de Graz, puis à l’Académie des Beaux-arts de Vienne. Sous la direction du professeur Wander Bertoni, il se spécialise en sculpture monumentale et obtient un diplôme de maîtrise en art, avec le prix du meilleur étudiant.
Un legs artistique inoubliable
En 1970, de retour en RDC, il rejoint l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa en tant que professeur avant d’en prendre la direction en 1982. Son empreinte artistique est visible dans de nombreuses œuvres publiques à Kinshasa, notamment Deux mains entreliées à la Place des Artistes, la statue de Luambo Makiadi et plusieurs bustes d’anciens Premiers ministres.

Cependant, en 1991, son parcours est marqué par un drame : son atelier et sa résidence de Mont Ngafula sont pillés, le contraignant à l’exil en Autriche. Loin de sa terre natale, il poursuit son engagement en enseignant et en exposant ses œuvres à travers le monde. En reconnaissance de son apport exceptionnel, il est nommé professeur émérite en 2013.
Une reconnaissance au-delà des frontières
Liyolo expose dans des galeries prestigieuses : du Louvre à Paris à Tokyo, en passant par New York, Lisbonne, Séville et Pékin. En 2015, il reçoit la médaille de mérite des arts, sciences et lettres au Palais du Peuple à Kinshasa, un hommage national à son talent et à son influence.
Un dernier adieu empreint d’émotion
Le 1er avril 2019, Alfred Liyolo s’éteint à Vienne à l’âge de 76 ans. Son corps est rapatrié à Kinshasa le 26 avril, donnant lieu à une série d’hommages académiques et artistiques. Le 30 avril, une messe d’actions de grâce est célébrée à la cathédrale Notre-Dame du Congo par le cardinal Laurent Monsengwo, avant une inhumation en toute intimité.

Un héritage vivant
Pour perpétuer son œuvre, la Fondation Liyolo a été créée afin de promouvoir son patrimoine artistique et soutenir de jeunes talents. Un centre culturel, incluant le Musée Liyolo, est en préparation dans son domaine de Mont Ngafula.
Alfred Liyolo demeure une référence incontournable de l’art africain. Son approche unique continue d’influencer les sculpteurs contemporains, assurant ainsi la postérité de son œuvre.
Akim MBAMBA, Joseph SAMWAKA et Merveille META