La grande auberge du quartier Menkao dans la commune de Maluku a Kinshasa, a accueilli l’ouverture du deuil ce lundi 8 Mai 2023 des victimes du conflit Teke-Yaka.

Plusieurs congolais tous de la communauté Teke ont répondu présents à cet appel, sous la conduite du député national Willy BOLIO EMINA. Les hommes parmi lesquels plusieurs notables Teke et chefs coutumiers ont occupé la partie quelques chaînes installées pour la circonstance. Tandis que les femmes et plusieurs autres jeunes étaient soit débout, soit assis à même le sol. Et ce, non loin d’un cercueil placé une tente fabriqué à l’aide des rameaux. L’événement a été accompagné des chants, quelques pas de danse, pleurs, émotions et discours.

Des notables Teke lèvent la voix

Devant un public visiblement consterné et concerné par le drame qui a ravagé plus ou moins 2000 Teke, les chefs coutumiers ont lancé des messages d’encouragement, de condoléances et de déception face à l’inaction des autorités compétentes.

Dans le même ordre d’idées, Monsieur Stéphane Ngamputu, notable Teke, a déchiré sa chemise, en signe du deuil avant de s’adresser aussi à l’assistance.

«Il y’a deux choses essentielles à retenir : l’ouverture solennelle d’une période indéterminée du deuil de de toute la communauté Teke. J’ai déchiré ma chemise en signe de ce deuil. Dans ce cercueil, nous enfermons symboliquement les hommes , femmes et jeunes morts Tekes donc les gens places dedans sont de toutes catégories», a dit Stéphane NGAMPUTU.

Continuant son speech, il a aussi remercié le public pour sa présence.

«Les gens sont motivés, et ils sont venus de tous les coins du plateau pour suivre ce deuil. on n’a donné l’argent a personne. Ils sont venus par conviction. Nous avons dit il y’ a une semaine qu’il y’ avait déjà plus ou moins 2000 morts. Je vous informe qu’on continue à tuer. Ici à Menkao, on a tué il y’a deux jours un jeune à 15 kilomètres de là où nous sommes. Son corps reste encore en forêt…».

Un message à Félix Tshisekedi

Intervenant devant la foule en général et la presse en particulier, le député national Willy BOLIO EMINA a exprimé de son côté, la détermination de la communauté Teke.

«Nous sommes déterminés…Jusqu’à la clôture du deuil, si ce ne sont que les ministre ou d’autres autorités nous invitent, nous n’irons pas. Si elles veulent nous recevoir, qu’elles utilisent d’autres gens comme d’habitude. Mais avec notre conviction, la seule personne à qui nous pouvons nous adresser, c’est le président Tshisekedi. Si le président accepte de nous recevoir, nous irons le voir pour lui dire des vérités que nous détenons…Si ça dépasse un petit moment, nous prendrons acte que le Président contribuerait à notre malheur. Il est la seule personne à qui on doit se confier pour le cas des Teke», a précisé l’élu de la province du Mai-Ndombe; avant de renchérir : « le deuil sera clôturé lorsqu’ on aura fini de tuer les Tekes. Le deuil va finir aussi s’ils
réussissent à nous exterminer car c’est leur mission. Si ces gens exterminent tous les Tekes, ils peuvent eux-mêmes faire le retrait du deuil en festoyant. Mais pour nous, on va le clôturer le jour où on va mettre fin aux tueries, en mettant les assaillants hors d’état de nuire; le jour où les criminels seront condamnés»

Ce notable Teke reste persuadé que c’est le président de la république qui peut aller consoler la population meurtrie de Kwamouth, Bagata et Maluku, pour prouver qu’il a le souci de mettre fin à ce drame.

« Le président est déjà parti à l’Est, pourquoi ne le fait-il pas ici tout près à quelques kilomètres de Kinshasa ? Il doit venir régler la situation des Tekes tués. On décrète facilement les deuils nationaux ailleurs a l’instar de ce qui se passe au Sud-Kivu avec les inondations. Mais depuis les tueries de Teke en juin 2022, aucune initiative n’a été prise dans ce sens. Si le nombre n’a pas atteint 2000 morts comme disent certaines personnes, quel est le nombre prévu et autorisé pour tuer les Tekes sans interpellation ?», s’est-il interrogé.

En effet, selon les organisateurs du deuil, le programme reste jusque-là, pour les Teke de la RDC. Toutefois, leurs frères du Gabon et du Congo Brazzaville ou ailleurs peuvent avoir le sens de solidarité. Les Teke de la Diaspora sont aussi appelés à avoir une attitude de deuil pendant toute cette période. Pour eux,le monde doit sentir que les Tekes de la RDC sont entrain d’être exterminés.

Au cours de cette cérémonie du début de « deuil Teke », il a été demandé à cette communauté de suivre toutes les attitudes relatives à l’organisation des obsèques en RDC notamment moins de célébration des fêtes de mariages et de jouer la musique gospel.

C’est avec l’adage : «La poule ne peut pas être heureuse lorsqu’on tue le canard. Si l’on cherche les oiseaux, le tour de la poule va arriver, et on va la tuer» que Willy BOLIO a clôturé son intervention.

Orman BOLA

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