Le naufrage sur la rivière Lukenie dans la nuit du dimanche à lundi 19 août dernier à la place Île Maurice, non loin du village Mazoko, au territoire de Kutu, c’est la première sombre réalité de la province du Mai-Ndombe à laquelle le nouveau gouverneur Nkoso Kevani Lebon fait face. Et ce, depuis son avènement à la tête de cette contrée de la République démocratique du Congo.
Pour trouver des solutions efficaces et urgentes face à ce fléau, une rencontre entre le numéro 1 de Mai-Ndombe et les armateurs y compris d’autres acteurs du secteur de transport fluvial s’avère inéluctable.
Une approche qui semble rencontrer l’assentiment de plusieurs responsables des embarcations dans le Mai-Ndombe.
Mai-Ndombe: Naufrage à Madjoko, Richard Bonsisa incombe la faute aux autorités nationales et provinciales.
Suite à l’accident survenu le 18 août 2024 dans la rivière Lukeni dans la province du Mai-ndombe, monsieur Richard Bonsisa a fait une sortie médiatique au média Mai-Ndombenews.net ce 22 août à Inongo.
«Vous savez, depuis qu’on est jeune, on apprend beaucoup de ces naufrages. Si nous prenons l’espace de 2004 à 2024, si nous devons compter le nombre de cas de naufrages dans le Mai-ndombe, c’est déplorable. La province a beaucoup d’atouts, mais malheureusement, les mauvaises nouvelles des naufrages ont pris le devant sur tout. Aujourd’hui , le Mai-Ndombe n’a principalement que ses cours d’eau, les rivières et autres pour faciliter les mouvements de sa population… Nous n’avons pas de routes, d’aéroports ( pour ne pas parler d’aérodrome, qui doit être modernisé…). Ceci explique la prolifération d’ embarcations. Malheureusement, cela cause de désolation», a expliqué Richard Mputu Bonsisa.
Pour le patron de «Bonsisa Travel », les dirigeants ont une grande responsabilité derrière ces cas des naufrages.
« On dirait que les dirigeants ont peur de diriger. Car, les mêmes cas des naufrages se répètent. Il y a vingt ans maintenant, nous sommes passés des commissaires de Districts aux Gouverneurs, mais pourquoi rien ne change?», d’interroge cet entrepreneur.
De ce qui précède, le naviguant Richard Bonsisa estime que la responsabilité des cas de naufrages dans le Mai-Ndombe revient au pouvoir public.
« Aucune disposition légale de la navigation dit clairement que la navigation nocturne est une infraction. C’est plutôt punissable c’est-à-dire si vous naviguez la nuit sans les conditions requises pour une marche nocturne», précise-t-il.
Des propositions au gouverneur pour réformer le secteur
Pour ce faire, cet armateur attend du nouveau gouverneur Nkoso Kevani Lebon, l’esprit d’écoute aux techniciens et prestataires qui sont les navigants. Ainsi, il suggère une série de rencontres avec le patron de la province.
«J’ai quelques recommandations pour réduire les cas de naufrage dans le Mai-ndombe : 1) balisage de tous les cours d’eau dans le Mai-ndombe ; 2) adoption et approvisionnement par le pouvoir public, des projecteurs adaptés aux capacités de nos bateaux pour illuminer pendant la nuit; 3) formation des navigants (école de navigations) pour tous les navigants ou membres d’équipe;
4) éradication des tracasseries (forces navales et police fluviale) dans tous les postes et axes fluviaux sur des cours d’eau dans le Mai-ndombe (surtout sur le fleuve congo) ;
5) que les services économiques travaillent sur la fixation des prix de transport des biens et des personnes pour tous les axes ou tronçons de trafic fluvial, afin de permettre à certains armateurs d’éviter de surcharger les engins et la concurrence déloyale ;
6) munir les services de la DGM des moyens pour bien accompagner et contrôler les chargements des engins avant le voyage. 7) Que le pouvoir public tant provincial que national regroupe, accompagne et finance les armateurs à octroyer les bateaux métalliques», estime Richard Bonsisa.
Quels types d’armateurs pour réduire les risques de naufrage ?
Interrogé par Mai-ndombenews.net, Boleli Bombilo, un autre navigant, tout en optant pour une rencontre avec le chef de l’exécutif provincial, il pense que l’identification des armateurs doit être une priorité.
«Les cas récurrents des naufrages chez nous inquiètent. Je présente mes sincères condoléances à toutes les familles éprouvées. La majorité de ces accidents interviennent la nuit. Et cela, suite à la navigation nocturne, qui est interdite. Malheureusement, l’application de cette mesure par les autorités pose problème. Il y a plusieurs types d’armateurs. Nous avons des armateurs navigants, entrepreneurs et commerçants. Et chacun d’entre eux a son son esprit et sa philosophie du travail. Je reproche beaucoup aux autorités car elles sont censées nous protéger. C’est difficile pour les armateurs d’avoir le contrôle de leurs convoyeurs pendant les voyages. Je pense que c’est aux autorités que revient la charge de protéger la population càd les passagers et les armateurs y compris tout l’équipage. N’oublions pas qu’en cas de naufrage, c’est nous qui sommes aussi des grands perdants. Il faut aussi dénoncer aussi le fait que la majorité de ces embarcations ne sont pas assurées. Nous avons l’impression que beaucoup de gens qui sont dans ce secteur, n’ont pas d’objectifs bien précis», a dit le responsable de Bol’s Trans.
Les responsabilités partagées
Toutefois, cet entrepreneur reste confiant quant au changement des choses, avec l’arrivée d’une nouvelle autorité à la tête de la province du Mai-Ndombe. Et ce, tout en avouant le partage de responsabilité dans la récurrence des naufrages.
«Nous continuons à faire confiance à nos autorités. Mais elles doivent être rigoureuses dans notre secteur.Le nouveau gouverneur peut penser à identifier les armateurs et toutes les embarcations. En plus de cela, le contrôle technique de ces engins doit être régulier. Aujourd’hui, la responsabilité des naufrages est partagée. Les autorités compétentes, les armateurs et les passagers sont coupables. Comment un passager peut prendre le risque de voyager dans une baleinière complément surchargée ? Nous devons être conscients de nous sécuriser tous.
À part cela, le commissaire fluvial doit également être quelqu’un de rigoureux et très compétent. …Le jour où nous serons reçus par l’autorité provinciale, nous allons lui présenter des projets pour éradiquer ce fléau des naufrages récurrents. Nous avons des suggestions à lui faire», a dit Boleli Bombilo.
Pour des raisons de naufrages, la province du Mai-Ndombe compte au moins 300 disparus et plus d’une centaine de morts en l’espace de trois mois ( entre juin et août).
Orman BOLA et G. EKOLE