Dans un article publié par ACTUALITE.CD le 18 mai 2023, la problématique du rôle de la Société de Développement Forestier ( SODEFOR ) dans le développement de la province du Mai-Ndombe a été au cœur des investigations.
Dans ce papier, il a été rappelé que l’histoire du Mai-Ndombe est indissociable de celle de la SODEFOR. Cette entreprise, l’une des plus ancienne du secteur, est aujourd’hui considérée comme l’une des respectueuses du code forestier. Paradoxalement, elle fait l’objet de bien des critiques. Et ce, notamment de ne pas avoir assuré le développement de cette partie du territoire congolais.
D’après une étude de la faculté des sciences agronomiques de l’Université de Kinshasa, publiée en 2021, la majorité de bois transformé par la SODEFOR provient des provinces de Mai-Ndombe (81, 10 %), de la Mongala (14, 74 %) et de la Tshopo (4,16 %). Pour ses produits finis en 2020, 79 % du volume de bois a été vendu localement et 21 % livré à l’exportation.
Pour le moment, l’entreprise compte deux importantes unités de transformation, l’une à Nioki dans la province de Mai-Ndombe, et l’autre à Kinshasa, avec une productivité annuelle d’environ 30 000 m3 et 40 000 m3 respectivement dans des conditions normales, renseigne une étude de l’ERAIFT. La société affirme pourtant n’avoir dans le Mai-Ndombe qu’une seule concession forestière en activité, les six autres seraient des concessions de conservation, apprend-t-on.
Les autorités bénéficiaires au détriment de la population
La population de Mai-Ndombe regrette de ne pas bénéficier de sa forêt. Pour elle, les exploitants forestiers dont SODEFOR ont du mal à exécuter les cahiers des charges destinés à améliorer les conditions de vie de la population.
« Les sociétés exploitent et exportent les bois mais l’on constate que la population ne bénéficie pas de sa forêt. Certaines entreprises lorsqu’il s’agit d’appliquer les cahiers des charges des communautés, elles construisent des écoles, des hôpitaux avec des matériaux moins durables. Nous connaissons tout ça mais on ne peut pas parler car la politique nous contrôle », dénonce un acteur oeuvrant dans le secteur forestier.
Plusieurs personnes pensent que la SODEFOR travaillent plutôt pour le sous-développement de la province du Mai-Ndombe. Elles ajoutent que ce sont plus les autorités politiques qui gagnent dans cette exploitation. «Car ce sont eux qui octroient les concessions à ces entreprises », ajoutent-elles
Se confiant à ACTUALITE.CD, un habitant du territoire de Oshwe a déclaré : « Nous pensons que la SODEFOR détruit nos forêts inutilement. La SODEFOR a pris nos forêts et nous a interdit de faire la chasse et l’agriculture mais elle ne nous aide pas. Si la SODEFOR ne veut pas appliquer ce qu’on lui demande que d’autres entreprises prennent sa place ».
D’après la même enquête, quelques infrastructures réalisées par la SODEFOR , sont les résultats d’un cahier des charges établi il y’a plus de 10 ans.
« Elle a construit des bâtiments mais ça reste le finissage. Il y a des écoles qui manquent de portes», témoigne-t-on. Entretemps, la SODEFOR justifie cela par le fait que le fond de développement n’était pas suffisant suite au choix des communautés de terminer d’autres infrastructures qui était plus prioritaires.
La SODEFOR à la défensive
Dans le même papier, la SODEFOR assure également que sa société fait de son mieux pour respecter les cahiers des charges. Et ce, au regard des fonds générés par les forêts.
«Ces clauses sociales ont fait l’objet d’Autoévaluation par la Communauté en présence des autorités locales, et territoriales donc les P.V. contresignés par tous sont bien disponible», rassure-t-elle. Et d’ajouter : « quand la SODEFOR construit une école, c’est à l’Etat de la mécaniser pour pour que ça fonctionne. Sinon, aucun enseignant ne va enseigner sans être payé. C’est ce qui provoque parfois les abandons des écoles »
Au-delà de la SODEFOR qui est pointée du doigt, il sied de noter que l’absence de développement du Mai-Ndombe ou le sous-développement de cette province pourrait avoir aussi une autre explication.
« Les entreprises telles que Sodefor, Era Congo, Folac… payent leurs taxes à la DGRM. Mais, c’est le gouverneur, le patron de la province, qui contrôle tout. Nous faisons des notes de perception dès paiement des taxes par ces entreprises mais une fois que l’argent atteigne le compte de la province, nous ne contrôlons plus rien », a révélé un inspecteur de la Direction générale des recettes de Mai-Ndombe (DGRM) à notre source.
Pour étayer les propos de cet intervenant, il important de savoir que la ville d’Inongo, chef-lieu de la province n’a pas un centime de route asphaltée depuis sa création. Elle n’a ni électricité, ni eau, malgré qu’elle de trouve au cœur du bassin du Congo.
Orman BOLA