En séjour à Kinshasa, Monsieur Serge Richard Mputu Bonsisa, entrepreneur et leader des jeunes, s’est confié à Mai-ndombenews.net, pour un entretien autour de sa vision sur l’entrepreneuriat dans le Mai-Ndombe et sa candidature aux prochaines élections législatives provinciales en République démocratique du Congo.

Mai-ndombenews.net : Monsieur Serge Richard Mputu Bonsisa,Bonjour.

Serge Richard Mputu Bonsisa : Bonjour.

Comment vous est venu le goût de l’entrepreneuriat ?

Mon goût de l’entrepreneuriat ne sort pas du néant. C’est le besoin de servir qui m’a poussé à entreprendre.

Dans quels secteurs évoluez-vous?

Je suis dans les secteurs des Télécommunications, l’alimentation et le transport. Ce n’est pas facile. Vouloir ,c’est pouvoir. Nous avons une stratégie de gestion qui nous aide à donner des orientations à ceux avec qui nous travaillons.

A quel moment avez-vous commencé

vos voyages avec « Bonsisa Travel »?

J’ai commencé en décembre 2019. Tout est parti du constat fait en 2017 , des conditions difficiles de navigation chez nous. Car, lorsqu’on parlait de Mai-Ndombe, on voyait très souvent les cas des naufrages de nos embarcations et des morts.

N’est-ce pas il y’a toujours des naufrages jusqu’aujourd’hui ?

Bien évidemment. Cependant, il y’a une grande réduction des fréquences de naufrages. Aujourd’hui, nous avons pu améliorer les conditions et la durée des voyages. Là où les anciennes baleinières transportaient plus de 100 passagers par voyage et prenaient près d’une semaine pour arriver à Kinshasa, nous avons instauré le système de navigation Bonsisa sur le Lac, capable de faire deux à trois jours pour atteindre Kinshasa en partant d’Inongo. Et ce, avec une soixantaine de passagers. C’est grâce notamment à notre innovation que nous avons pu avoir plus ou moins deux voyages par jour, pour la traversée vers Nselenge au début de cette aventure. Chose qui était difficile avant.

Comment jugez-vous le bilan du système de navigation Bonsisa ?

Le bilan est vraiment positif. Car avant notre avènement, la ville d’Inongo ne consommait pas les vivres frais en province de Kinshasa. Aujourd’hui, les boutiques et autres commerces des aliments congelés et surgelés sont nombreux à Inongo. La capacité de propulsion de nos engins a beaucoup aide nos populations. C’est l’un des aspects qui nous réjouit parmi tant d’autres.

Comment expliquer votre intérêt des télécommunications dans l’entrepreneuriat ?

C’est simple. Pour moi, on ne peut pas être dans le transport et négliger les télécommunications. Les deux vont ensemble L’année 2017, c’est une année d’éveil. Car, c’est en cette période que j’avais remarqué l’absence même d’une boutique de Canal + à Inongo. Pour se réabonner ou acheter un kit complet de Canal, il fallait aller seulement à Kinshasa. Nous avons fait de notre mieux pour amener ça dans le chef-lieu de la province et donner une valeur ajoutée à la téléphonie mobile pour le transfert d’argent… Nous avons aussi une boulangerie qui alimente la ville avec le pain Bonsisa. Cela aide les jeunes à trouver de l’emploi.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’entrepreneuriat jusque-là dans le Mai-Ndombe ?

La plus grande difficulté, c’est l’absence des banques. L’argent de tout entrepreneur de Mai-Ndombe est exposé aux dangers. La présence des banques à Inongo en particulier et dans le Mai-Ndombe en général s’avère indispensable. Étant touché par cette réalité en tant qu’entrepreneur,j’ai mis en place un slogan ‹‹ Zéro Mai-Ndombe, sans banque ››.

Qu’entendez-vous par entrepreneuriat responsable ?

On doit se rendre compte du minimum qu’on fait. Nous avons des entrepreneurs qui ne s’engagent pas sérieusement dans le business. Ils trouvent que c’est du passe-temps. On entreprend pas pour manger seulement, on entreprend pour des grands projets. Ici je parle de comment gérer son business quelque soit le capital. Moi par exemple, j’ai commencé avec la photographie à Inongo avec des appareils que je louais auprès des gens. Et ce, avant d’acheter nos propres matériels et améliorer les conditions de travail. Pour avoir des techniciens boulangers dans notre Boulangerie par exemple, j’ai été contraint de recourir à la main d’oeuvre de Kinshasa. Ce qui n’est pas normal.

Comment faire face au chômage dans la ville d’Inongo ?

Nous devons faire l’effort de réduire le taux du chômage. Car, c’est difficile de l’éradiquer totalement. L’entrepreneuriat est la clé de la réduction du chômage dans notre ville et dans toute la province.

Y’a-t-il un lien entre le chômage et l’éducation ?

On est chômeur si l’on est mal éduqué. L’éducation joue un grand rôle car pour avoir des entrepreneurs, les gens doivent être bien formés. La personne doit être formée dans un domaine qui la rend utile et utilisable dans la société. Si ce que vous connaissez ne nous pousse pas à vous utiliser, vous continuerez à chômer même si vous avez un diplôme. L’éducation contribue aussi à la réduction du chômage. La qualité des mains d’oeuvres à Inongo laisse à désirer. Figurez-vous, nous sommes dans une province où il y’a des eaux presque partout, mais on n’a même pas un centre de formation en navigation ! On doit éduquer techniquement la jeunesse de notre Mai-Ndombe, non théoriquement.

Êtes-vous candidat aux élections législatives prochaines?

Ça ne sera pas une surprise de voir mon nom sur la liste des députés provinciaux dans la circonscription électorale Inongo ville. Je suis entrepreneur bien-sûr, mais c’est la population d’Inongo qui est venue m’intéresser en disant : nous avons vu ce que tu fais dans le domaine privé, nous voulons que cette expertise soit exploitée pour l’intérêt commun. Je suis donc candidat.

Si vous êtes élu, qu’allez-vous faire de particulier pour changer les choses?

Si j’ai le mandat de la population, ça sera un mandat curatif. Ça sera un mandat du traitement de la population du Mai-Ndombe. Elle sera traitée donc sur trois points : psychologiquement, physiquement et économiquement.

Serge Richard Mputu Bonsisa, Merci.

Merci beaucoup à vous Mai-Ndombe News.net

Propos recueillis par Orman BOLA

By admin