Maître Gradi Matata, avocat au bareau de Kinshasa/ Metete, s’oppose au changement de la constitution, mais il est tout de même d’avis pour la révision de certaines dispositions de la loi fondamentale.
Il l’a dit au cours d’une interview accordée mardi 19 novembre 2024, à la rédaction de Mai-ndombiensnews.net
« Il n’y a pas de peuple sans histoire, cette constitution, elle est notre histoire et la changer, c’est-à-dire que nous allons perdre notre repère. Parlons plutôt de la révision de la constitution et pas le changement. S’il faut changer, ce que nous allons perdre la pédale parce qu’il faudra mettre de côté toute la Bible. Autrement dit toute l’ossature de la constitution, mais dans la révision constitutionnelle, vous allez essayer de faire la chirurgie, pour toucher certains articles qui bloquent la bonne marche ou la bonne évolution de nos institutions », a-t-il dit.
Quelle est l’urgence qui s’impose pour changer la constitution ?
Pour ce spécialiste du droit, il n’y a pas d’urgence qui nécessite le changement de la constitution. Cependant, il estime que ce sont des manœuvres dilatoires du pouvoir en place tendant à distraire la population.
« Pour moi, je ne vois pas l’urgence, mais ils ont le pouvoir, ils sont majoritaires [ le régime actuel Ndlr ], et puis ils vont nous imposer le référendum, c’est ce qu’on voit en Afrique partout ailleurs », a-t-il relevé.
Quels sont les mécanismes pour changer la constitution ?
Par ailleurs, ce juriste a également énuméré les différents préalables pour arriver au changement de cette loi fondamentale.
« D’abord,il faut le recensement de la population congolaise, après cela viendra le référendum et ensuite la mise en place d’une commission qui sera composée des professeurs, juristes, magistrats… Pour rédiger une nouvelle constitution », a-t-il expliqué.
L’homme de la toge noire a expliqué l’esprit de l’article 217, qui fait débat actuellement sur la scène politique congolaise et interprété diamétralement par plusieurs acteurs politiques.
« C’est une disposition internationale pour favoriser le droit d’asile et de réfugié; il ne s’agit pas de céder une partie du territoire pour de bon. Par exemple, ça barde actuellement en Israël, nous pouvons céder la partie de Maluku aux Israëliens pour qu’ils viennent habiter en attendant vu qu’ils ont des conflits dans leur pays », a-t-il précisé.
Toutefois, maître Gradi Matata plaide pour la préservation de la constitution, car pense-t-il que c’est une conjugaison de beaucoup d’efforts consentis.
« … Je suis légaliste, je suis en train de défendre la loi mère de notre pays, notre histoire. Vous savez, cette constitution est une conjugaison de beaucoup d’efforts fournis, le pays etait déchiré, mais quand même grâce à Joseph Kabila, nous avons eu pour la première fois cette bible, nous devons la garder jalousement », a-t-il conclu.
Abdias SHINGA