Le député provincial et vice-président de l’Assemblée provinciale du Mai-Ndombe, David Bisaka Kezeza s’est interrogé sur l’identité de la personne qui est à la base des tueries de Kwamouth, son fief électoral. Et ce, à l’occasion de la commémoration de des deux ans de ces atrocités, célébrés le samedi 02 Novembre au sein de la paroisse Saint-Armand au quartier Mombele à Kinshasa.
«Qui a tué à Kwamouth, et il a tué pour pourquoi ? Où se trouverait l’homme qui a tué à Kwamouth ?», s’est interrogé cette deuxième personnalité de l’Assemblée provinciale du Mai-Ndombe davant le public venu assister à ce rendez-vous.
Et d’ajouter : « Cela fait maintenant deux ans et trois mois que nos concitoyens souffrent, que nos enfants sont privés d’éducation, et que nos familles ont été déracinées de leurs terres ancestrales. Le 20 juin 2022 à Masiambe reste la date , qui a marqué le début d’une période de violence inouïe. Les attaques menées par le peuple Yaka ont causé la mort, la décapitation et l’expulsion des Teke de leur propre sol. Il est triste de constater que ceux qui étaient autrefois venus chercher refuge et opportunités auprès de nos chefs coutumiers, se sont aujourd’hui retournés contre nous avec l’intention de nous remplacer. Je suis ici pour exprimer ma solidarité envers chacun d’entre vous. Je sais que beaucoup d’entre vous vivent dans des conditions extrêmement difficiles à Kinshasa, Fatundu, Bolobo, Bandundu-Ville, Mushie ou même en République du Congo à Brazzaville. Nous sommes des témoins vivants de l’injustice qui règne dans notre contrée. Face à cette injustice cruelle, je nous invite à la solidarité tous azimuts».
Les victimes appelées au courage
Dans le même ordre d’idées, David Bisaka a appelé au courage des victimes.
«Je tiens également à m’adresser à nos chefs coutumiers : il est impératif que vous considériez les élus comme vos alliés dans cette lutte pour la paix et la justice. Trop souvent, nous avons été mis à l’écart des discussions cruciales concernant notre avenir. Nous avons besoin d’une véritable collaboration pour que nos voix soient entendues au niveau national car nous sommes vos vrais représentants. Je félicite les habitants des villages tels que Boku, Masia-mbio, Kwamouth cité, Camp-banku, Ngambomi, Bokala et Wombali. Vous avez fait preuve d’un courage exemplaire avec une résilience remarquable en restant sur vos terres face aux assaillants Yaka. Votre résilience est un exemple pour nous tous. À ceux qui ont abandonné leurs villages ( Fadiaka, Makobe, Mulunu, Butulu, Musiamu et tant d’autres), je vous exhorte à revenir avec courage. Ces terres sont les vôtres ; elles sont les empreintes de notre histoire collective. Enfin, je m’adresse à l’État congolais : la sécurité de notre population n’est pas une faveur; c’est une obligation. Nous demandons un rétablissement immédiat de l’autorité de l’État dans notre région. Deux ans après ces atrocités, il n’y a eu aucun changement significatif sur le terrain. Les militaires ne doivent pas devenir commerçants ou cultivateurs sur nos terres aux côtés des Yaka ; ils doivent protéger notre peuple ! Je donne un sens très élevé à cette cérémonie qui commémore nos morts de Kwamouth. Aujourd’hui, nous pensons à nos frères, nos soeurs et nos enfants morts dans des conditions inhumaines. Nous avons un sentiment de tristesse.
Si les atrocités continuent jusqu’aujourd’hui, c’est parce que l’État congolais ne se comporte pas en État responsable. Il y a une accalmie partielle. Mais il ya une grande partie du territoire de Kwamouth occupée par les Mobondo.
Des villages entiers occupés par cette milice. Si vous arrivez à Kinsele, vous prenez la route vers Dokolo jusqu’ à Nkana, toute cette partie est prise par les Mobondo. À la RN17, après Masia-mbio, vers Baku et tout le village Nganda Mayala, le long de la rivière Mbuma… C’est sous contrôle des Mobondo», a ajouté ce parlementaire.
Le retour de la paix est possible
Au-delà de tout, ce leader du territoire de Kwamouth croit au retour de la paix dans cette partie de la province du Mai-Ndombe.
«Nous croyons au retour de la paix car c’est chez nous. Si l’État s’était bien impliqué, cette histoire n’allait pas faire plus de deux ans. Les militaires qui sont sur place à Kwamouth sont devenus des commerçants. Ce sont eux qui vendent des produits cultivés par les Mobondo. C’est grave. L’équipe de commandement des militaires doit être changée. Il est inadmissible de laisser cette équipe continuer de travailler pour n’aboutir à rien. S’il y avait la paix, des chefs coutumiers ne resteraient pas ici. Nous avons beaucoup de chefs coutumiers propriétaires des grandes étendues de terre à Kwamouth, mais qui sont encore à Kinshasa», a-t-il fait remarquer.
Il sied de noter que les exactions de la communauté Teke sont parties d’un conflit interethnique avec la communauté Yaka.
Orman BOLA